- Après la pomme, le potimarron, le poireau est le troisième compagnon idéal pour ces bienfaits en cette période . C’est LE légume de la période automne-hiver par excellence. Sa présence continue dans nos jardins (ou sur les étals) pratiquement toute l’année est due à la diversité des variétés et du fait qu’on le cultive un peu partout en France.
- En moyenne, les Français consomment entre 3 et 5 kg de poireau par an.
- Déjà beaucoup apprécié des Égyptiens, des Grecs et des Romains [Pour récompenser ses meilleurs guerriers, le pharaon Khéops leur offrait des bottes de poireaux ! L’empereur Néron, tristement célèbre pour l’incendie de Rome, fut surnommé le “porrophage”; en effet, pour avoir une belle voix lorsqu’il produisait ses roucoulades, cet olibrius se gavait d’une quantité importante de poireaux ! ], le poireau fut longtemps l’aliment de base en France.
- Un peu délaissé à cause de son goût puissant, il revient grâce à ses qualités nutritionnelles indéniables.A lors n’hésitez plus, consommez cette asperge du pauvre !
Quelles sont les qualités nutritives des poireaux ?
- Riche en eau, en antioxydants, en fibres et en composés aromatiques soufrés, le poireau est très peu calorique mais rassasiant.
- Il apporte des vitamines B1, B6 et C, Pp, du fer, du brome, du calcium, du phosphore, du magnésium, de la potasse, du manganèse, des carotènes et des folates…
- Les racines de poireau macéré dans du vin blanc soulageraient les problèmes rénaux. Utilisées en décoction, elles sont censées diminuer le diabète.
- On peut aussi utiliser le jus de cuisson en usage externe contre certains soucis de peau (plaies, piqûres d’insectes, furoncles : au Pensionnat, on appliquait du jus de cuisson de poireau sur un cataplasme à base de chénopode, pour que nos furoncles arrivent plus vite à maturité.
Quels sont ses atouts « détox » des poireaux ?
- Ce légume tonique, très digeste, est un diurétique qui draine avec efficacité les cristaux résiduels propres aux terrains rhumatisants, arthrosiques ou goutteux.
- Il joue un effet favorable sur le transit. C’est aussi un laxatif (il balaie doucement l’intestin grâce à ses fibres abondantes).
- Même son eau de cuisson est thérapeutique, car très diurétique !
- Il est recommandé souvent dans les régimes amincissants pour sa pauvreté calorique, ses qualités de draineur.
Comment utiliser les poireaux ?
- Peu importe leur calibre car les gros sont aussi tendres que les fins. Avant de les cuisiner, nettoyez-les bien mais ne jetez pas les parties vertes foncées, les plus denses en nutriments protecteurs.
- Froids, mangez-les avec une vinaigrette légère ou une sauce soja. Déclinez-les aussi en terrine.
- Chauds, faites-en des soupes saines et nourrissantes, des tartes ou des gratins, plus appréciés par les enfants.
Quelles variétés de poireaux planter ?
Pour les récoltes hivernales, les variétés doivent supporter le froid comme :
- ‘Bleu de Solaise’ : poireau au fût moyen et au feuillage bleuté. C’est une variété mi-tardive, adaptée aux récoltes d’hiver; elle se montre particulièrement résistante au froid. Un large feuillage vert bleuté prolonge un fût court de 20 à 25 cm de longueur.
- ‘Bleu d’hiver’ : poireau au fût long et gros, qui présente une bonne résistance aux maladies.
- ‘Monstrueux de Carentan 2’ : poireau au fût court et large. C’est une variété très rustique; elle supporte donc des conditions extrêmes hivernales. Elle est lente à monter à graines au printemps. Son fût court, entre 20 et 25 cm de longueur, présente un diamètre de 4 à 6 cm.
Pour les récoltes d’été et d’automne, voici 3 variétés à récolter avant les grands froids :
- ‘Carlton’ : poireau au feuillage vert clair;
- ‘Gros long d’été 2’ : un poireau précoce . Cette variété au développement rapide présente aussi une bonne résistance à la chaleur. Les fûts longs et gros se récoltent de juin-juillet jusqu’aux premières gelées.
- ‘Jaune gros du Poitou’ : un légume très précoce au feuillage vert blond. Cette variété peu rustique grossit vite. Les fûts longs de 20 à 25 cm offrent un diamètre de 4 à 6 cm ainsi qu’un feuillage en éventail vert-blond.
#1 par Avril à 20 octobre 2019 - 23 h 30 min
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Merci pour la descrption de ce fait, qui m a permis d en savoir plus
#2 par Mekessa à 20 octobre 2018 - 8 h 48 min
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Votre blog est super intéressant ! Bravo.
Une petite remarque sur l’empereur Néron à qui on continue d’attribuer une folie et l’incendie de Rome dont il ne serait pas coupable. L’Histoire est faite par ceux qui l’écrivent et non par ceux qui la font.
#3 par JPP à 20 octobre 2018 - 15 h 53 min
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Bonjour Mekessa,
Voici ce que l’on peut lire sur internet concernant l’incendie de Rome . Si on lit cet article jusqu’à la fin, on découvre que Néron n’était pas à Rome cette nuit-là. Quant à la réputation de manger beaucoup de poireaux, je vous laisse seule juge, tant les poireaux sont bénéfiques pour l’organisme !!! Cordialement.Jean-Paul
Néron a-t-il brûlé Rome ?
Assassin de sa mère, de sa femme et de son principal garde du corps, Néron était également l’incarnation du mauvais empereur pour les Romains, puis fut la figure de l’antéchrist pour les Chrétiens. N’est-il donc pas normal et légitime de lui imputer tous les fléaux dont souffrirent les Romains sous son règne ? Pensons, par exemple, à l’incendie de Rome dont plusieurs de ses contemporains lui imputèrent la responsabilité. Mais qu’en est-il, en réalité ?
Déroulement de l’incendie de Rome
Quelques années après l’incendie, l’historien latin Tacite (55-120 ap. J.C), un contemporain, raconte (Annales, XV, 38) : »Le point de départ de l’incendie se trouva dans cette partie du Cirque qui est contiguë aux collines du Palatin et du Caelius. De là, à cause des boutiques dans lesquelles les marchandises alimentent les flammes, le feu, violent et activé par le vent, dévore toute la longueur du Cirque. En effet, il n’y avait rien pour le retenir, ni les maisons entourées de clôtures, ni les temples ceints de murs et ni rien d’autre d’équivalent. L’incendie se répand avec violence d’abord dans les parties planes, puis s’élance vers les quartiers en altitude avant de dévaster les parties basses de la ville. Par sa rapidité foudroyante, il devance les secours et trouve une proie facile dans la ville aux ruelles étroites et tortueuses, aux quartiers mal alignés, comme était l’ancienne Rome. »
Le feu débuta dans la nuit du 18 au 19 juillet 64. Les entrepôts situés près du Grand Cirque prennent feu pour une raison inconnue. Malgré la canicule, un vent sec et violent souffle sur la capitale et va répandre l’incendie. Les flammes montent rapidement vers le Palatin, c’est-à-dire le centre religieux et impérial de la ville. Une partie du palais de l’empereur est détruit ainsi que quelques sanctuaires. Les flammes vont ensuite redescendre dans les quartiers longeant le Quirinal, le Vinimal et l’Esquilin. Les vigiles, chargés de la prévention et de l’extinction des incendies, ne peuvent contrôler le feu, et l’obscurité de la nuit ainsi que la panique d’une foule importante ont pu nuire au travail des pompiers de l’époque. Pendant plus d’une semaine, l’incendie ravagea près des trois quarts de la ville. Sur les 14 régions que composaient Rome, 10 ont été touchées par les flammes, partiellement ou entièrement. On n’a aucun chiffre concernant le nombre de victimes, mais on estime à environ 200 000 habitants privés de domicile, c’est-à-dire approximativement 25% de la population de Rome. Les quartiers populaires, composés de maisons en torchis et parfois hauts de 4 étages, sont les plus touchés. Nombre d’édifices, honorés par les Romains à cause de leur ancienneté, ne sont plus que décombres et tas de cendres. Les oeuvres d’art, ramenées le plus souvent de Grèce et d’Orient pour orner les lieux publics, n’ont pas échappé à l’incendie, tout comme les manuscrits contenus à l’intérieur des bibliothèques publiques.
Les rumeurs
Ce n’est pas la première fois que Rome subit un incendie. Du début du règne d’Auguste (27 av. J.C) jusqu’à la fin de l’Empire (476 ap. J.C), près de 40 sinistres avaient ravagé Rome. Quatre d’entre eux furent violents: celui de 64 qui est la date notre sujet, ainsi que ceux de 80, de 190 et de 283. A l’époque de l’empereur Néron, c’était la première fois que la capitale subissait un incendie de grande ampleur. La population, traumatisée, souhaitait trouver des responsables, et même si elle ignorait la cause de l’incendie. Des rumeurs évoquent des hommes jeter des torches contre les maisons et l’historien Suétone va le répéter dans son oeuvre, la Vie des Douze Césars : « on vit des gens lancer des torches contre les maisons en disant tout haut qu’ils avaient reçu des ordres ». Faut-il croire à cette rumeur ? Par ailleurs, d’autres habitants, très croyants envers leurs Dieux, pensaient qu’il s’agissait d’une colère divine. Dans les deux cas, le premier soupçonné est l’empereur. En effet, en ce qui concerne la première rumeur, l’empereur incarne l’autorité et donc il n’y a que lui qui peut donner l’ordre de créer un incendie. Au sujet de la deuxième rumeur, il faut se rappeler que Néron n’était pas le successeur légitime au trône d’empereur, puisque après la mort de son prédécesseur l’empereur Claude (assassiné par Agrippine, la mère de Néron), c’est le fils de ce dernier, c’est-à-dire Britannicus, qui devait régner à la place de Néron. Mais il fut écarté par la mère de Néron et mourut rapidement d’un empoisonnement ou d’une crise d’épilepsie. Pour les croyants, la colère divine exprime le mécontentement des Dieux à l’égard des hommes qui ont laissé l’imposteur Néron monter sur le trône de Rome. Enfin, deux autres hypothèses se sont également propagées dans les rues de Rome. Néron, passionné d’art grec, composait un poème intitulé La Prise de Troie. L’incendie de Rome aurait pu l’émerveiller et lui aurait donné de l’inspiration pour la composition de son poème. Tacite mentionne cette rumeur, mais sans vraiment la confirmer (Annales, XV, 39) : « Mais toute cette popularité manqua son effet, car c’était un bruit général qu’au moment où la ville était en flammes il était monté sur son théâtre domestique et avait déclamé la ruine de Troie, cherchant, dans les calamités des vieux âges, des allusions au désastre présent. » Quant à l’autre interprétation, l’empereur aurait pris la décision de faire brûler la ville afin de la reconstruire entièrement, et d’installer par la même occasion un immense palais dorée.
Mais Néron peut-il être responsable de l’incendie ? Pourquoi aurait-il incendié Rome ?
Où était Néron au moment de l’incendie ?
Il est déjà important de rappeler qu’avant le déclenchement de l’incendie, Néron n’était pas à Rome mais à Antium, et est rentré à Rome juste après avoir été avertit de l’incendie. Lorsque l’empereur arriva précipitamment dans la capitale, les flammes s’étaient déjà répandues depuis quasiment deux jours. Donc la théorie selon laquelle il aurait ordonné l’incendie de la ville pour composer son poème est à rejeter d’emblée. Voici le passage de Tacite prouvant ce fait (Annales, XV, 39) : « Pendant ce temps, Néron était à Antium et n’en revint que quand le feu s’approcha de la maison qu’il avait bâtie pour joindre le palais des César aux jardins de Mécène. »
A quel endroit l’incendie se déclara ?
Comme je l’ai déjà dit auparavant, les premières flammes furent remarquées dans les entrepôts situés près du Grand Cirque. Mais il est intéressant d’indiquer qu’à proximité des entrepôts se situaient des galeries d’art helléniques. Ces galeries appartenaient à nulle autre que l’empereur Néron, passionné d’art grec et très attaché à ses oeuvres d’art. Cela signifie alors que les galeries d’art de Néron furent parmi les premières victimes de l’incendie. Il est peu probable qu’un homme, même un peu fou, souhaite voir partir en cendres ce qu’il avait de plus cher. Par ailleurs, la première action de Néron, une fois rentrée à Rome, a été de prendre les dispositions nécessaires pour sauver les oeuvres qui peuvent encore échapper aux flammes. De plus, n’oublions pas que son palais impérial était aussi partiellement touché. Ce fait remet en cause la théorie selon laquelle Néron aurait fait brûler des quartiers pour y reconstruire un immense palais, puisque les premiers bâtiments d’importances touchés par les flammes sont ceux qui le concernaient personnellement. Par ailleurs, s’il avait voulu brûler la ville pour la reconstruire entièrement, il aurait prit soin de faire enlever ses oeuvres d’art et de vider les appartements de son palais de tout son contenu. D’après Tacite (Annales, XV, 39) : « Toutefois, on ne put empécher l’embrasement de dévorer et le palais, et la maison, et tous les édifices d’alentour. »
Quelles furent les actions de Néron après l’incendie ?
Tacite nous décrit les actes de l’empereur à son arrivée dans la capitale (Annales, XV, 39) : « Néron, pour consoler le peuple fugitif et sans asile, ouvrit le Champ de Mars, les monuments d’Agrippa et jusqu’à ses propres jardins. Il fit construire à la hâte des abris pour la multitude indigente ; des meubles furent apportés d’Ortie et des municipes voisins, et le prix du blé fut baissé jusqu’à trois sesterces. »
Tout d’abord, Néron décida la réouverture des lieux publics restants, organisa la construction de baraquements, veilla à l’approvisionnement en vivres et à la vente en blé. Cependant, la population voulait un coupable et commençait à accuser l’empereur. L’historien Tacite l’explique très bien : « Mais aucun moyen humain, ni largesses impériales, ni cérémonies expiatoires ne faisaient taire le cri public qui accusait Néron d’avoir ordonné l’incendie. » (Annales, XV, 44). Néron aurait donc tenté de rechercher des coupables. Les chrétiens (à l’époque les chrétiens se considéraient comme des tenants de la religion hébraïque, et non comme les tenants d’une nouvelle religion) étaient les coupables idéals pour l’empereur. En effet, ils étaient très impopulaires puisqu’ils ne reconnaissaient pas l’appartenance divine de l’empereur, sans oublier leur manque de tolérance affiché envers les polythéistes et les autres religions. Antérieurement, les empereurs Tibère puis Claude avaient tenté d’expulser tous les juifs de Rome à cause de la croyance monothéïste qui pouvait troubler l’ordre public et la morale de l’époque. Le peuple de Rome, avec Néron à sa tête, se serait donc archarné sur les juifs, principalement envers ceux qui voyaient en Jésus le Messie, c’est-à-dire la réincarnation humaine du Dieu unique. Par ailleurs, il ne faut pas oublier que ceux qui « créeront » le christianisme croyaient à la fin proche du monde à cette époque (dans le judaïsme, la venue du Messie annonce la fin du monde), de quoi effrayer la population romaine. Voici ce que disait Tacite à propos des chrétiens (Annales, XV, 44) : « Pour apaiser ces rumeurs, il offrit d’autres coupables, et fit souffrir les tortures les plus raffinées à une classe d’hommes detestées pour leurs abominations et que leur vulgaire appelait chrétiens. Ce nom vient de Christ, qui, sous Tibère, fut livré au supplice par le procurateur Pontius Pilatus [erreur puisqu’il s’agissait d’un préfet, fonction qui sera remplacée par celui de procurateur sous l’empereur Claude. Est-ce une faute du traducteur ou de l’auteur ?]. Réprimée un instant, cette exécrable superstition se débordait de nouveau, non seulement dans la Judée, où elle avait sa source, mais dans Rome même, où tout ce que le monde enferme d’infamies et d’horreurs afflue et trouve des partisans. On saisit d’abord ceux qui avouaient leur secte, et, sur leurs révélations, une infinité d’autres, qui furent bien moins convaincus d’incendie que de haine pour le genre humain. On fit de leurs supplices un divertissement : les uns, couverts de peaux de bêtes, périssaient dévorés par les chiens ; d’autres mouraient sur des croix, ou bien ils étaient enduits de matières inflammables, et, quand le jour cessait de luire, on les brûlait en place de flambeaux. […] quoique ces hommes fussent coupables et eussent mérité les dernières rigueurs, les cœurs s’ouvraient à la compassion, en pensant que ce n’était pas au bien public, mais à la cruauté d’un seul, qu’ils étaient immolés. » Cependant, il faut faire attention à cette mention de répression. En effet, le témoignage de Tacite n’est pas appuyé par des preuves, et nous ne savons rien du nombre de persécutés, au point que nous n’avons même pas de chiffre approximatif fiable. S’il y a eut une persécution envers les chrétiens, nous ne connaissons pas son ampleur. Il peut s’agir du traquage de centaines, comme de dizaines ou de milliers de personnes. Le plus étrange, c’est que les conditions de répression des chrétiens ne seront évoquées par aucun autre historien du Haut-Empire. Parmi les plus connus, ni Suétone (qui pourtant n’aimait pas Néron), ni Pline l’Ancien et ni même Josèphe Flavius ne mentionnent avec précision ces tortures. Par ailleurs, il est étonnant que les Romains soient tant émus par ce traquage à l’encontre des chrétiens puisqu’ils viennent fréquemment assister au jeux du cirque afin de voir avec plaisir des victimes subir le même sort. De plus, Tacite n’éprouve aucune pitié pour les 400 esclaves suppliciés à la suite de l’assassinat de leur maître, le préfet de Rome (en 61), alors qu’ils n’étaient même pas soupçonnés de complicité dans ce meurtre. Il reste aussi insensible devant le massacre des gens les plus inoffensifs, que même les proscriptions de Sylla obtinrent son approbation (Annales, III, 27). Il montre aussi aucun remord au spectacle de 60 000 Germains s’égorgeant entre eux dans une guerre civile (Germanie, 33). Le récit de ces cruautés à l’encontre des chrétiens est une exception dans toute la littérature antique. Aucun autre auteur de l’époque ne cite des choses semblables. Donc on peut se demander si ce passage de Tacite a été volontairement modifié par un traducteur médiéval. Il faut avouer que tout cela soulève des doutes au sujet de l’authenticité du passage où il est parlé des chrétiens.
Les chrétiens responsables de l’incendie ?
À la veille de la Première guerre judéo-romaine, la destruction de la capitale de l’Empire venait à point nommé pour désorganiser l’ennemi. En effet, la date des prémices de cette terrible insurrection est controversée : la plupart des historiens la situent en 66, mais certains pensent que le prétexte qui servit de détonateur à la révolte de la ville de Césarée (une mésentente entre juifs et helléniques) remonte à 64, année de l’incendie de Rome. Même si l’incendie n’a pas donné le signal immédiat de l’insurrection, un tel acte pouvait viser à affaiblir l’Empire romain, centralisé administrativement, en anéantissant son centre de commandement. De plus, la reconstruction de Rome coûterait une fortune. Les dirigeants seraient contraints d’aller chercher tout cet argent dans les poches des contribuables, déjà passablement pressurés d’impôts. Avec cet accroissement de l’imposition, des soulèvements ne manqueraient pas d’éclater un peu partout, soulageant alors la grande révolte messianique juive. Mais existe-t-il des preuves de l’implication des chrétiens dans l’incendie ? L’Apocalypse (18 : 6 – 8) semble faire une allusion à la destruction de Rome : « Payez-la [Rome] de sa monnaie, rendez lui le double de ses méfaits, et, dans le calice où elle versait à boire, versez-lui le double. Autant elle a fait parade de luxe, autant donnez-lui de tourment et de deuil. Parce qu’elle se dit : « Je trône en reine et ne suis point veuve, et n’expérimenterai jamais le deuil », pour cela, le même jour verra fondre sur elle tous les fléaux : mort, deuil, famine, et elle sera incendiée, car il est fort, le Seigneur Dieu qui l’a condamnée ». Cependant, cette source signifie t-il que les chrétiens ont brûlé la capitale romaine ? Il ne s’agit en aucun cas d’une preuve, même si on peut se demander si l’incendie était souhaité. Néamoins, il ne faut pas oublier que Néron était à cette époque marié à Poppée, réputée pour cotoyer le milieu juif. Il n’est pas impossible que certains chrétiens fassent partie de l’entourage de cette femme. Par conséquent, même s’ils étaient mal vus par les Romains, les juifs jouissaient d’une influence (certes, modeste) à la cour impériale. Alors qu’ils étaient chassés par Tibère et Claude, ils étaient tolérés par l’empereur avant l’incendie de Rome. Envisager de brûler Rome signifierait la perte de leur influence. Malgré tout, les courants religieux juifs (dont les premiers chrétiens) étaient nombreux, et il est donc difficile de savoir si des chrétiens étaient proches de Poppée ou s’ils étaient hostiles à la belle. Enfin, n’oublions pas que les adversaires des chrétiens accuseront plus tard ceux-ci de quelques incendies sous le Bas-Empire. Pourtant, pas un d’eux ne songera à rappeler l’incendie de Rome.
Il est donc peu probable que Néron ait incendié Rome. Par manque de preuve, personne ne peut l’affirmer. De plus, l’auteur Aurelius Victor explique que « Néron fit tant pour l’embellissement de Rome au cours des cinq premières années de son règne que Trajan affirmait souvent, à juste titre, qu’aucun empereur n’approcha jamais l’œuvre de ces cinq années-là » (De Cæsaribus, V, 2). Il serait donc surprenant qu’un homme ayant embellit sa ville veuille ensuite la détruire. Par ailleurs, nous pouvons nous demander qui pouvait souhaiter un pareil incendie dans la capitale antique. Il est difficile de dire si les pères de la chrétienté sont responsables du départ de feu. En effet, ils étaient très impopulaires à cette époque et étaient régulièrement chassés de Rome, notamment sous Tibère et Claude, mais ils furent davantage tolérés sous Néron. Cependant, ils étaient aussi très peu nombreux et se devaient donc d’endoctriner la population en annonçant la parole divine, tout en essayant de gagner de l’influence au sein de l’aristocratie et de ne pas s’attirer l’hostilité des Romains. De plus, les chrétiens savaient sans doute que s’ils incendiaient Rome, ils seraient les premiers traqués. En revanche, un homme avait tout intérêt à souhaiter du mal de Néron. En effet, Othon, futur empereur en 69, avait eu le malheur de voir sa femme, Poppée, le quitter pour un autre homme qui n’est autre que Néron. Othon était un général militaire fortuné et très puissant, qui avait eu la honte de perdre une femme réputée comme la plus belle de Rome. Poppée quitta Othon pour Néron seulement quelques années avant l’incendie. Pour se venger, celui-ci aurait très bien pu ordonner l’incendie près du Grand Cirque, afin de brûler les galeries d’art de son ennemi ainsi que le palais impérial, par la même occasion. Cependant, Othon ne fut jamais soupçonné, pas même par l’empereur (en tout cas, aucune source ne l’évoque) ! Enfin, l’incendie aurait très bien pu être accidentelle. En effet, les quartiers de Rome étaient essentiellement composés de maisons en torchis, à l’intérieur de rues étroites. De plus, ce juillet 64 était marqué par une grande canicule avec un vent violent mais sec. Tous ces facteurs suffisent largement au déclenchement d’un incendie et à la propagation des flammes. On ne peut donc tirer aucune conclusion sur l’incendie de juillet 64 qui ravagea Rome. En revanche, accuser Néron est l’hypothèse la moins probable.