La permaculture est la contraction de «culture permanente». C’est un concept global, un art de l’aménagement d’un territoire, une philosophie de vie où animaux, insectes, êtres humains, plantes et micro-organismes vivent en harmonie dans un environnement sain et auto-suffisant: c’est en quelque sorte un écosystème cultivé.Légumes

Le sol est essentiel à la Vie sous toutes ses formes, des micro-organismes aux grands mammifères que nous sommes en passant par toute la faune et la flore qu’il accueille et nourrit lorsqu’il est vivant ! C’est pourquoi un jardinier ou un agriculteur conscient vénère son sol. Si sa fertilité, son équilibre et sa stabilité sont maintenus, il est l’élément nourricier, le terreau d’une plante en bonne santé, productive, aux qualités nutritionnelles inégalables. Plus qu’un simple substrat, un sol vivant est un véritable écosystème complexe à la base de notre existence ; prenons soin de cet écosystème sol et nous aurons moins besoin de soigner nos plantes.

  • La permaculture repose sur 3 principes: être attentif à la Terre, être attentif à l’humain, partager équitablement les ressources.
  • Elle présente 3 avantages: produire de la nourriture saine en respectant l’environnement, diversifier les récoltes, faire des économies de temps, d’énergie, d’argent, de ressources (eau, fertilisants).

Salades

Rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme. Lavoisier.

Soyez patient: la vie organique met au moins deux ans pour être à son optimum d’efficacité.

Rappelons les quatre grandes composantes du sol :

Un sol dit en « bonne santé ou idéal » est composé de :

— 25 % d’air
— 25 % d’eau
— 5 % de matières organiques
— 45 % de minéral

Selon le lieu, le climat, la diversité de la vie présente et les conditions de formation et d’exploitation, les proportions de ces composantes seront évidemment variables et cela aura une incidence sur la fertilité du sol.

Formation du sol dans la nature :

Le sol est formé par dégradation de la roche mère, par la décomposition des matières organiques, par le travail des végétaux, de la faune et des micro-organismes, des champignons qui y vivent ainsi que par différentes actions physico-chimiques complexes telles que le lessivage par les eaux de pluie, l’érosion, etc.
Ce qui nous intéresse tout particulièrement, en permaculture, c’est la fertilité, la conservation et la régénération d’un sol vivant.

Observons un sol forestier, donc non travaillé par l’homme.

  • Ce qui frappe en premier lieu : le sol est très souple, nous marchons comme sur un énorme matelas.
  • Dans un second temps, on s’aperçoit que le sol n’est jamais à nu… la nature a horreur du vide c’est bien connu !
  • Quand on commence à écarter ce tapis de feuilles, on voit que toutes ces matières sont plus fragmentées puis comme digérées par la faune du sol pour en faire un genre de couscous dans lequel les végétaux se trouvent fort bien ! En effet, si on regarde bien, les forêts n’ont jamais eu besoin de l’homme, ni d’apport d’engrais d’aucunes sortes pour se porter à merveille !

La forêt est un des nombreux écosystèmes dont s’inspire la permaculture.

Tout ceci n’est en fait qu’un processus, car la nature a tout prévu : elle tend vers l’autofertilité et l’équilibre constamment. L’arbre, par exemple, est autotrophe, c’est-à-dire qu’il est capable de se nourrir et générer sa propre matière organique à partir des ressources qu’il puise dans le sol et dans l’atmosphère, puis il produit des fruits, des branches, des feuilles, etc.Et quand tous ces éléments meurent, ils se déposent à la surface du sol. Sous terre, le processus est le même avec la production et la perte de radicelles (petites racines) régulières.
C’est à ce moment qu’interviennent nos compagnons du sol : vers, champignons, insectes, bactéries et autres micro-organismes… Ils se nourrissent de ces matières organiques. Certains ont comme boulot de fragmenter la matière, d’autres l’enfouissent dans le sol, d’autres la transforment en éléments assimilables par les plantes. Une partie des matières organiques est transformée directement et rendue accessible aux plantes sous forme des fameux N, P, K (azote, phosphore, potassium, les trois principaux éléments vitaux pour les végétaux, même s’ils ne sont bien sur pas les seuls !!!), et l’autre est transformée en humus et sera disponible, petit à petit, pour les plantes. Un genre de stock en gros… La composition de cet humus est en majorité de la lignine (issue du bois), des matières azotées, de la cellulose, des sucres et des oligo-éléments.

Nous sommes donc en présence de cycles où la nature pourvoit entièrement à tous les besoins de l’écosystème qu’elle a créé, les végétaux prolifèrent et s’épanouissent sans aucun besoin de travail du sol ou d’apports extérieurs.

La permaculture produit un sol dont tout jardinier rêve. Vous rêvez de produire davantage, de manière saine avec moins de travail, voici donc 10 actions possibles pour devenir en 2016 un jardinier « permaculteur » . Vous  récolterez de surcroît santé et bien être.

Action importante # 1 : Imiter la nature

« Être le plus efficace possible en utilisant le minimum d’énergie »: telle pourrait être la devise de la forêt: tout y est recyclé.  Les semis se font directement dans le sol. Cette technique améliore la structure du sol, lui permettant ainsi  de stocker plus d’eau, en laissant la faune et la flore du sol constituer cette structure par leur action. Le sol des jardins soumis au semis direct acquiert une structure qui s’approche de celle des sols forestiers en concentrant davantage la matière organique. Il est donc inutile de procéder à des bêchages profonds afin de ne pas briser le cercle vertueux et de bouleverser l’ensemble de l’équilibre vivant. Contentons-nous d’aérer la terre à la grelinette.Gelinette

Ensuite, ne jamais laisser le sol à nu, un couvre-sol ou mulch ou paillis, va nous apporter beaucoup.

Action importante # 2 : Prendre soin du sol

Attirer les vers de terre,  essentiels dans un jardin. Ils aident à garder le sol meuble et en bonne santé. Une bonne structure du sol se compose d’une grande population de vers de terre et d’insectes bénéfiques. [ne pas utiliser de pesticides et autres fongicides chimiques qui détruiraient la vie du sol].

  • La faune du sol va dégrader ce couvre-sol et le rendre disponible aux plantes sous forme de nourriture, il va donc fertiliser notre terre.
  • Cette faune va creuser des galeries, aérer le sol, le rendre perméable à l’air et poreux à l’eau, ce qui va permettre un meilleur développement des racines, une circulation et un stockage optimal de l’eau.  Soulignons l’importance du réseau mycélien dans le sol, qui contribue pour beaucoup plus que l’on ne croit à la santé de nos végétaux, en créant des associations vertueuses avec ceux-ci, en leur mettant à disposition eau et nutriments en échange d’éléments nécessaires à leur survie.

 

label "sans pesticides"

Action importante # 3 : Faire son compost et son BRF

Les matériaux pour la fertilisation et le paillage sont produits dans le jardin; les déchets du jardin sont utilisés pour le compostage utilisé pour l’amendement du sol. Certaines branches provenant des tailles sont broyés afin d’obtenir du Bois Raméal Fragmenté (BRF). [Des fertilisants pour amender votre sol peuvent être fournis également  par vos animaux et par la lombriculture (terreau de lombricompost et jus ou lombrithé)].

Lombricomposteur ouvert

> en savoir plus sur le compostage et le lombrithé, sur le BRF (Bois Raméal fragmenté)

Action importante # 4 : Bien gérer les emplacements

Pour votre potager, votre verger prendre en compte le climat, le type de sol, les vents dominants et assurer une bonne rotation des cultures. Celle-ci permet la culture de plantes améliorantes de la famille des Fabacées (Papilionacées) ou Légumineuses.

Pois de senteur


Action importante # 5 : Récupérer l’eau

Elle garde le sol et les plantes hydratés. Les récipients de récupération d’eau de pluie sont  utilisés au niveau des descentes de gouttières. L’eau de pluie, chargée d’éléments nutritifs est particulièrement bonne pour le jardin. Un bon paillage permet aussi d’économiser l’eau.

Réservoir d'eau de pluie

Le mulch et le paillis vont protéger le sol de l’érosion, du lessivage, du soleil…

  • Ils limitent l’évaporation de l’eau et retiennent l’humidité, ce qui va réduire énormément les besoins en arrosage.
  • En couvrant le sol, on coupe aussi l’accès à la lumière, cela va donc réduire la pousse des plantes « indésirables ».

>> en savoir plus sur l’arrosage et le paillage

Action importante # 6 : Pratiquer des associations de plantes :

Légumes, herbes, fleurs comestibles, petits arbres fruitiers et plantations d’ornement sont couramment cultivées ensemble. Ils interagissent de manière vertueuse. Ils se protègent mutuellement, écartent les insectes ravageurs.

>> en savoir davantage sur les associations de plantes et les cultures intercalaires

Action importante # 7 : Cultiver serré !Salades

Avec un maximum de diversité dans un minimum d’espace notamment en cultivant  sur des buttes qui  sont facilement accessibles, en optant pour un jardin en carrés ou encore à la verticale sur des treillis ou des paniers suspendus ! On tire partie de chaque rayon de soleil: aucun ne va tomber au sol sans être capté par une feuille !

>> en savoir davantage sur la culture en butte

Action importante # 8 : Utiliser les produits naturels

  • Le  carton humide est une bonne barrière contre les mauvaises herbes sur la future zone de culture. Cela permettra à l’eau et aux racines des plantes de pénétrer le sol et contribuera même à l’enrichir (les vers de terre raffolent du carton !). Mettre ensuite une autre couche de paille ou d’autres paillis organique approprié, puis une couche de compost et de terre pour les plantations.
  • La cendre, les purins de végétaux sont également de bons fertilisants.Ajout de cendre de bois riche en potasse

Action importante # 9 : Diversifier ses cultures:

En plus de la production alimentaire de fruits et légumes, le jardin peut servir à la production

  • de plantes médicinales comme la sauge, la verveine.
  •  d’herbes aromatiques et condimentaires comme le persil, l’aneth, la ciboulette.
  • de fleurs mellifères comme la menthela lavande et/ou améliorantes du sol comme la consoude.
  • de fleurs comestibles comme la capucine.
  • de plantes sauvages comestibles comme la bourrache, la violette odorante.Bourrache-Fraisiers
  • des plantes d’ornement.
  • de matières végétales: lorsque le terrain est inoccupé, semez de la moutarde et de la phacélie qui, une fois broyées, viennent enrichir le sol. [la phacélie est une plante très mellifère, ses fleurs sont comestibles].Abeille sur fleur de phacélie

> en savoir davantage sur les herbes aromatiques

Action importante # 10: Créer du lien

  1. partager: prendre ce qui correspond à nos besoins et partager le reste.
  2. échanger: échange de graines, de productions.
  3. créer un jardin collectif associatif comme dans bon nombre de villes.Jardins collectifs

 

Ceux  de Challans en Vendée ont pris un bel essorJardin

Certaines parcelles sont en permaculture. La culture sur butte permet de conserver la fertilité de la terre.Parcelle en permaculture

Par son action sur la terre, le jardinier « permaculteur » devient un citoyen de la Terre.

Voici quelques articles complémentaires

 Citons d’abord Pierre Rabhi, auteur de « Vers la sobriété heureuse ». Il nous livre, également un message dans « Semeur d’espoirs ». Je vais donc citer les paroles de Frédéric Lenoir qui a la fin de son livre « La puissance de la Joie » nous confie à propos de la quête de la joie:    «C’est tout le sens du mouvement « colibri » fondé par Pierre Rabhi ». Tel le colibri qui tente d’éteindre l’incendie qui ravage la forêt en transportant une petite goutte d’eau dans son bec, essayons de faire « notre part » de cette oeuvre immense qui incombe à l’humanité afin de guérir le monde de toutes les plaies que nos passions mauvaises lui infligent…»

>> Consulter l’article« Créer une butte autofertile ».

>> Consulter l’article « Que faisons-nous de la création ? »Terre entre nos mains

>> Consulter l’article « La culture en lasagnes« .

>> Consulter l’article « La culture Zaï« 

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