Dans mon verger où poussent des cerisiers, j’ai observé pendant une période sèche, notamment pendant les périodes de canicule, que la surface du sol reste humide au voisinage des arbres. A prime abord, j’ai pensé que l’ombre portée par le feuillage de l’arbre a diminué l’évaporation à la surface du sol. Mais après discussion avec un agriculteur, j’ai appris que du fait de ses racines profondes, l’arbre peut absorber le jour l’eau disponible en profondeur et la rejeter en surface la nuit. C’est pourquoi lors des nombreux remembrements dus à la mécanisation de l’agriculture, l’élimination des haies fut, à plus d’un titre, une grave erreur.
Ce que je savais déjà (et ce que vous savez !)
- L’arbre est une « machine à évaporer » : en utilisant l’eau du sol, le dioxyde de carbone de l’air et l’énergie solaire, il fabrique des sucres, matières premières du bois. Au cours de cette réaction, il rejette dans l’air de l’oxygène et de l’eau. L’eau ainsi utilisée permet la production de biomasse. Les arbres contribuent ainsi à rafraîchir l’atmosphère et à redistribuer l’eau sous forme de pluie ou de rosée… si les sols sont couverts ! L’arbre est donc indispensable dans le cycle de l’eau.
- L’arbre intercepte une partie des eaux de pluie grâce à son feuillage et à ses branches. Il freine l’écoulement des eaux. En interceptant et en absorbant une partie des eaux de surface, l’arbre régule et prévient l’impact des inondations en améliorant l’infiltration jusqu’aux nappes souterraines. En limitant l’érosion, il contribue à réduire la turbidité de l’eau et le transport d’éléments chimiques.
- L’arbre a la capacité de capter les éléments en profondeur. Il recycle des résidus de fertilisants et de produits phytosanitaires contenus dans les eaux lors des prélèvements racinaires.
- Les micro-organismes du sol et de la rhizosphère (zone autour des racines) contribuent aussi au phénomène. Ainsi, dans les zones humides, des bactéries anaérobies, nourries grâce au carbone apporté par les végétaux, sont à l’origine du processus de dénitrification. L’arbre et le cortège microbien du sol, participent ainsi à diminuer la pollution des eaux.
- L’arbre a de nombreuses utilités que le poème « Supplique de l’arbre » résume bien.
- La permaculture et l’agroforesterie associent arbres et plantes cultivées. Il s’agit d’associer sur une même parcelle des arbres et des cultures ou des animaux.
Les arbres fournissent de nombreux services et permettent d’allier production agricole et protection du sol. Ainsi sont apparus les concepts de forêts-jardins, de vergers-maraîchers, haies fruitières.
Ce que j’ai découvert au contact de cet agriculteur
- Cette remontée d’eau a été observée chez plus de 60 espèces ligneuses et herbacées, d’abord en zones arides, puis sous climat méditerranéen, mais aussi en zones tropicales sèche et humide, sous climat tempéré et en forêt boréale. Cette une vérité scientifique. Les croquis ci-dessous montrent que l’eau liquide se déplace d’un point à un autre en fonction de son potentiel hydrique (représenté par la lettre grecque psi). [Plus d’explications dans un prochain article]
- Il ne semble pas exister d’espèces pour lesquelles la sortie d’eau par les racines soit impossible, mais comme pour l’entrée d’eau, elle est maximale chez des racines jeunes.
- Une des fonctions de cette remontée d’eau semble être de maintenir en vie les fines racines des couches superficielles quand le sol se dessèche. Cette remontée d’eau peut aussi améliorer la nutrition minérale, car c’est près de la surface qu’on a les plus fortes concentrations en minéraux, et un apport d’eau en sol sec peut favoriser leur absorption par les racines.
Quelles sont les plantes qui remontent le mieux l’eau ?
Les légumineuses ligneuses (dont la luzerne),
ainsi que certaines herbacées à racines fibreuses ont des racines profondes, et on connaît près de 50 espèces cultivées dont les racines pénètrent de jusqu’à 3 mètres de profondeur. C’est une aide intéressante lorsqu’il s’agit de rétablir une couverture végétale dans un milieu d’où elle a disparu.
Pourquoi peut-on mettre des cultures sous les arbres ?
- L’arbre crée un microclimat favorable aux cultures en réduisant le vent, en procurant l’ombre et en diminuant la transpiration des plantes.
- L’arbre préfère envoyer ses racines en profondeur, sous l’étage des cultures. Il n’y a donc pas de compétition pour l’accès à l’eau. Il établit un filet racinaire sous les cultures.
- Le système racinaire développé de l’arbre structure le sol, et facilite la pénétration de l’eau en décompactant le sol.
- Grâce à ses racines, l’arbre a la capacité en cycle nocturne de remonter l’eau des couches profondes pour la remettre à disponibilité des cultures de surface.
- L’arbre va aussi contribuer à améliorer le sol et les niveaux de biodiversité, créer un cadre de vie et de travail agréable, un paysage de qualité. Il fut intégré au projet de jardin pour les enfants de notre école. Vous trouverez ci-dessous un des nombreux croquis de notre animateur. >> Retrouvez ce projet dans l’article qui suis-je?
Quels légumes peut-on faire pousser sous les arbres ?
Voici quelques plantes qui poussent très bien sous ou à côté des arbres. Ce sont principalement des plantes à feuilles :
- le chénopode , cette plante sauvage, sorte d’épinard, qui prospère sur les sols riches en azote et qui profite de l’ascenseur hydraulique pour prospérer.
- l’arroche : sa consommation était très importante au Moyen-âge et elle a été cultivée jusqu’au XIIIème siècle avant que l’épinard, rapporté par les Croisés, ne la supplante dans les potagers.
(à manger crue ou cuite), - l’oseille: cette plante de la famille des Polygonacées, facile à cultiver se plaît dans une terre profonde, riche en azote.
Oseille commune
Elle s’accommode d’un coin humide, à l’ombre.
- la poirée : cette plante gourmande appréciera un sol riche en matières organiques, compost, fumier bien décomposé pour développer un feuillage important d’un vert foncé.
Blette ou bette ou encore poirée
La décomposition de votre couvert végétal protecteur assurera une fertilisation régulière tout au long de l’année. En un mot, plus vous lui offrez à manger, plus elle donne un feuillage et des cardes volumineux.
- le chou: cette plante gourmande en phosphate et en potasse a tendance à épuiser le sol.
Chou Cabus
Il apprécie donc une terre riche, argileuse, maintenue fraîche.
- la menthe: cette plante aromatique de la famille des Lamiacées, symbole de la sagesse est très populaire et coriace.
Menthe
Peu exigeante, s’accommodant d’un terrain de nature diverse, argileux ou sablonneux, de préférence fertile et humide, elle pousse très bien dans un lieu ensoleillé ou ombragé.
- la bourrache: cette plante mellifère, incontournable dans le jardin, attire les abeilles et les bourdons qui assureront la pollinisation de vos légumes.
